Dans l’introduction à La Méditerranée. L’espace et l’histoire (1977), on peut lire sous la plume de Fernand Braudel :« Dans son paysage physique comme dans son paysage humain, la Méditerranée carrefour, la Méditerranée hétéroclite se présente dans nos souvenirs comme une image cohérente, comme un système où tout se mélange et se recompose en une unité originale. Cette unité évidente, cet être profond de la Méditerranée, comment l’expliquer ? » A cette question, qui traversait déjà son maître-ouvrage, La Méditerranée au temps de Philippe II (1949), Fernand Braudel répondait que l’explication, ce n’était pas seulement la nature, que ce n’était pas seulement l’homme, mais que « c’étaient à la fois les grâces de la nature ou ses malédictions (…) et les efforts multiples des hommes (…). Soit une somme interminable de hasards, d’accidents, de réussites répétées ».
A l’heure où émerge le projet politique d’une union méditerranéenne, il est opportun de faire retour sur l’unité de la Méditerranée que Braudel tenait pour acquise en dépit de faits tenaces. Depuis le délitement de l’Empire romain qui en avait fait sa mer intérieure, la Méditerranée fut un espace profondément divisé, d’abord entre l’ouest latin et l’est byzantin, entre le monde catholique et l’orthodoxie ; ensuite, entre le nord et le sud, entre la chrétienté et l’Islam, entre l’Europe conquérante et des territoires asservis, entre des terres prospères et vieillissantes et des rives jeunes et pauvres. Ces contrastes rendent-ils caduque l’idée même d’unité qui serait donnée par la mer, le climat, la végétation, bref par la nature ; et par la permanence des espaces de contacts et d’échanges, par la circulation des hommes et des cultures ? Ou l’unité de la Méditerranée ne se nourrit-elle pas de cette histoire partagée, de ces conflits répétés et de ces obstacles contournés ?
Le premier atelier se propose de travailler la notion d’espace méditerranéen en s’attachant aux discours produits par les historiens et les représentants d’autres disciplines, à la construction scientifique de la Méditerranée dont l’expédition d’Egypte de Bonaparte a marqué une étape décisive, aux représentations et aux savoirs qui ont contribué à en fixer les limites et les contenus.
Les langues de travail sont le français, l'italien, le castillan et éventuellement, l'anglais.